Depuis quelques mois, Jupiter et Saturne exécutent un joli ballet céleste. Mi-mai, les deux planètes étaient à un peu moins de 5° l’une de l’autre avant de s’éloigner, puis de se rapprocher pour nous offrir une splendide et rarissime conjonction très serrée !

Dès le début de cet automne, Jupiter et Saturne se rejoignent imperceptiblement dans la constellation du Sagittaire. Le point d’orgue de cette étreinte planétaire se produit le 21 décembre, quelques heures après le solstice d’hiver. 6′ 06,40″ seulement séparent Jupiter de Saturne, soit environ 1/5 du diamètre apparent de la Lune.
Aux alentours de cette date, les deux planètes géantes sont proches l’une de l’autre.

Un phénomène rare
Les conjonctions entre les deux plus grosses planètes du Système solaire se produisent environ tous les 20 ans. Selon l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE), deux rapprochements plus serrés que celui du 21 décembre se sont produits depuis le début de notre ère : 5 mars 1226 (2′ 08,5″) et 16 juillet 1623 (5′ 10,1″).
La prochaine élongation serrée se déroulera le 15 mars 2080 (6′ 00,9″), dans le ciel du matin, avec des conditions d’observation moins favorables depuis l’Europe occidentale que cette année.

LA GRANDE CONJONCTION EN IMAGES

D’autres photos sont visibles sur le site de la SAF

La Lune, Jupiter et Saturne jeudi 17 au soir. Sur le zoom des planètes, on distingue les satellites galiléens autour de Jupiter. De haut en bas : Callisto, Jupiter, Io, Europe et Ganymède. Ces deux derniers étant pratiquement accolés, ils ne sont pas séparés sur la photo.
Les photos des gros plans ont été faites avec un boîtier Canon EOS 5D Mark II équipé d’un téléobjectif de 400mm de focale. © Alain Sallez

Jupiter (en bas) et Saturne jeudi 17. On distingue sans peine les satellites galiléens. Image réalisée avec un télescope de 256mm de diamètre. © Nicolas Biver

Jeudi 17, les trois astres dans le crépuscule immortalisés par Nicolas Biver avec un objectif de 135mm. © Nicolas Biver

Jupiter et Saturne vendredi 18 en soirée. À proximité de Jupiter, Io et Ganymède. Plus loin, Callisto. © Alain Sallez

Ci-contre. Le 20, à la veille de l’élongation minimale entre Jupiter et Saturne, Christophe Gervier a saisi le couple planétaire sous le ciel de la Charente avec une lunette Orion de 80mm de diamètre, équipée d’une Barlow 2,5x, et une caméra ZWO ASI 224 MC. Les 1000 images empilées font apparaître les planètes en détail et trois des quatre satellites joviens. De gauche à droite : Ganymède, Jupiter, Io et Europe.
© Christophe Gervier

La Lune, Jupiter et Saturne jeudi 17 au soir. Sur le zoom des planètes, on distingue les satellites galiléens autour de Jupiter. De haut en bas : Callisto, Jupiter, Io, Europe et Ganymède. Ces deux derniers étant pratiquement accolés, ils ne sont pas séparés sur la photo.
Les photos des gros plans ont été faites avec un boîtier Canon EOS 5D Mark II équipé d’un téléobjectif de 400mm de focale. © Alain Sallez

Jupiter (en bas) et Saturne jeudi 17. On distingue sans peine les satellites galiléens. Image réalisée avec un télescope de 256mm de diamètre. © Nicolas Biver

Jeudi 17, les trois astres dans le crépuscule immortalisés par Nicolas Biver avec un objectif de 135mm. © Nicolas Biver

Jupiter et Saturne vendredi 18 en soirée. À proximité de Jupiter, Io et Ganymède. Plus loin, Callisto. © Alain Sallez

Le 20, à la veille de l’élongation minimale entre Jupiter et Saturne, Christophe Gervier a saisi le couple planétaire sous le ciel de la Charente avec une lunette Orion de 80mm de diamètre, équipée d’une Barlow 2,5x, et une caméra ZWO ASI 224 MC. Les 1000 images empilées font apparaître les planètes en détail et trois des quatre satellites joviens. De gauche à droite : Ganymède, Jupiter, Io et Europe.
© Christophe Gervier

La Lune s’invite
Jeudi 17, en soirée, le croissant lunaire salue Jupiter et Saturne. La Lune est à 6,7° des deux planètes géantes, alors distantes de 28′ l’une de l’autre. Vers 17 h, le trio céleste est observable à une douzaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-ouest. Pour observer ce rapprochement, et pour le jours suivants, il faut bénéficier d’un lieu doté d’un horizon sud-ouest parfaitement dégagé. Si vous devez sortir pour observer ce phénomène et la grande conjonction, choisissez un lieu à une distance raisonnable de votre domicile pour respecter le couvre-feu…

La Lune, Jupiter et Saturne jeudi 17 décembre vers 18h.

Jour J, heure H
L’élongation minimale se produit le 21 décembre dans les lueurs vespérales. Vers 18h (heure légale), le duo planétaire est à une dizaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-ouest. Sur sa page consacrée à cette conjonction, l’IMCCE indique que l’élongation minimale a lieu à 19h 22min 30s. À cet instant, depuis la partie est de la France métropolitaine Jupiter et Saturne sont couchés. L’observation du rapprochement le plus serré est donc réservée aux observateurs situés sur la partie ouest de l’Hexagone. La variation de distance entre les deux planètes à quelques heures de l’élongation minimale est pratiquement indiscernable.
Si Jupiter et Saturne sont visibles à l’œil nu, des jumelles, ou mieux un instrument d’astronomie, même modeste, vous permettent d’apprécier le diamètre des planètes, et, éventuellement, quelques lunes : les quatre satellites galiléens de Jupiter et Titan, le plus brillant satellite de Saturne.

Jupiter et Saturne les 20, 21 et 22 décembre vers 18h (heure légale). Le 20, plus de 9′ séparent les deux planètes et un peu moins de 9′ le 22.
Sur ces schémas, l’horizon est en bas. Selon l’instrument utilisé, l’orientation des astres peut varier. Le cercle de 15′ représente la moitié du diamètre lunaire.


Une zone de visibilité réduite
Compte tenu de l’angle apparent (environ 30°) entre le Soleil et les deux planètes, la zone de visibilité de l’élongation minimale est peu étendue. En effet,  il faut que le Soleil soit couché et que les planètes soient visibles à l’instant de l’élongation minimale. L’IMCCE a réalisé une carte indiquant cette zone.

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Conjonction ou élongation ?

On peut distinguer les conjonctions (en longitude ou en ascension droite) de l’élongation minimale. Cette dernière configuration indique à un instant donné la distance minimale entre deux astres.

Alain Sallez

Un peu d’histoire

Un phénomène encore plus rare est l’occultation mutuelle des planètes Jupiter et Saturne. Le professeur italien Aldo Vitagliano, a calculé que la dernière occultation mutuelle entre les deux planètes a eu lieu le 4 juin -6856 à 4h 04min 52s TDT et la prochaine aura lieu le 17 février 7541 à 17h 14min 56s TDT (http://www.solexorb.it/SolexOld/Jusatocc.txt).
On peut également observer une triple conjonction de ces deux astres sur une période inférieure à une année (10 depuis le début de notre ère) : la dernière a eu lieu en 1980-1981 et la prochaine aura lieu en 2238-2239.
Jean Meeus a étudié ces triples rapprochements dans son article Les conjonctions triples Jupiter-Saturne publié dans l’Astronomie, vol .94, 1980, pp. 27 à 36.
Albumasar (787-886), célèbre astrologue musulman de la période abbasside, a étudié ces conjonctions dans son ouvrage De magnis conjunctionibus (Des grandes conjonctions, 861-866). Ces conjonctions avaient une grande importance pour les astrologues.
Kepler, qui observa la Grande Conjonction de 1603, s’intéressa également aux triples conjonctions et calcula qu’en l’an 7 avant notre ère, un tel rapprochement aurait pu expliquer l’étoile des Rois Mages.
À noter que la conjonction de 1623 n’a pas pu être observée, car trop proche du Soleil.

Jean-Claude Berçu

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